La famille Maurice, est la famille de la grand-mère maternelle de 2 adhérents de GENERATION SAVOIE, Patrice Burnier et Michel Montessuit. L’huilerie artisanale de la famille Maurice compte parmi les plus anciens bâtiments du village de Champanges.
« Au début des années 1700, raconte Michel Maurice (cousin germain de nos mères), on appelait le secteur les Moulins de Darbon : il y avait un canal qui partait d’un étang, à l’endroit de l’actuelle zone artisanale, et alimentait cinq moulins. »
Le moulin Maurice, lui, a été construit en 1727. C’est de cette année que datent la conche, la meule qui broie les cerneaux de noix, et le four de pierre qui donne à la préparation toute sa saveur.
A l’origine, l’énergie de cette installation était fournie par une roue à eau de 6,5 m de diamètre. En 1954, le père de Michel Maurice, Joseph, frère de notre grand-mère, l’a finalement remplacée par une turbine, au bout de 150 m de canalisations, avant le passage au tout électrique en 1986.
Les cerneaux broyés sont passés aujourd’hui dans un aplatisseur, un laminoir datant des années 1920. Quant à la presse hydraulique qui extrait l’huile des tourteaux de noix, elle date de 1907 et a été mise en service dans l’huilerie de Darbon en 1942.
« L’ancienne presse de 1727 est toujours là, juste derrière : en ce temps-là, il fallait presser deux fois. La deuxième pression servait juste à faire de l’huile pour les lampes. »
Après la dernière guerre, bien des huileries ont fermé ; mais pas celle de Champanges. « Pendant trente ans, on la mettait en route trois jours pendant l’hiver : les 1er, 2 et 3 février. Après 1995, on a étendu la durée de production. » Si bien que désormais, la conche écrase quelque vingt tonnes de noix par an.
Neuvième génération
Michel Maurice a appris la technique de son père, comme ses aïeux avant lui : « On en est à la neuvième génération, rappelle-t-il. Il y a quarante-sept ans que je fais de l’huile. Et après moi, ma fille reprendra le travail. Elle l’a déjà fait pendant une dizaine d’années. » Car une longue expérience est indispensable.
« Chacun a son secret pour faire de l’huile. Mais il faut surtout des années de pratique. Chaque client apporte des noix différentes, elles sont plus ou moins humides. Avec l’expérience, on sait rien qu’au toucher et surtout à l’odeur comment il faut les travailler. » Mais nous n’en saurons pas davantage sur ses recettes, sinon ceci : « Ce qui est sûr, c’est que pour avoir une bonne qualité, il faut prendre son temps. »
Et les clients l’ont bien compris, qui viennent quand même de très loin (Sarthe, Lorraine, Allemagne, Angleterre…) pour cette huile au parfum du temps jadis.
(à partir d’un article du Messager).